UN JOUR SI FRAIS:::
Je me lève. Par la fenêtre les oliviers balancent leurs rameaux, les olives vertes, minuscules pompons, se soulèvent dans le tulle de la fraîcheur matinale.
E* arrive un sachet de navettes dans les mains.link
Elle est attentive, affable, on se retrouve.
Il y a des temps pour tout, les enfants prennent un peu de place dans la vie. Mais Aujourd'hui est à nous.
Nous décidons d'aller promener vers "La Destinée". On descend par le petit chemin jusqu' au portillon de bois.
Il y a de grandes roches plates, toutes blanches, l'eau mange les rochers acérés, on s'asseoit un instant pour se souvenir des jours d'été si chauds, et de nos plongées dans l'eau glacée. link
La grande demeure se dresse, une belle image "La Destinée".
Par hasard V*, [un jour où l'on patientait dans l'attente du "Jardin des Délices"] V* me disait que petite, elle y jouait avec frères, soeurs et cousins. Puis la Destinée avait été vendue, devenue trop lourde à l'entretien pour ses grands-parents.
L'écharpe vole et fait un tour.
Le vent force, les vagues cassent dans le creux de la crique.
E* confidences de toi...Ensemble et de chaleur berçées dans un jardin, un restaurant, dans un couloir d'hôpital aux tourments d'une mère, d'une épouse, d'une soeur, aux propos déplacés de certains tristes sires, aux esprits chagrins, au téléphone, à la maison, dans le silence, jamais très loin, sans se perdre, il n'y pas d' heure, la nuit, le jour. Des tensions si il y en a eu, on ne sait plus.
Tout s'apaise, se calme, pleine lumière d'un jour si frais.
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Puis c'est l'heure qui appelle.
Je roule vers mes pénates, à gauche ce petit village, agrippé rudement à ce flanc de roche tourné vers le nord.
Garer la voiture en travers du parking, comme se réveiller en travers du lit, en travers...
B* et tous ses surnoms, s'écarte de la voiture un ballon déchiqueté dans la gueule.
Ravi de me voir, sa queue se transforme en aiguille de montre affolée et lorsque je pars, sa tête n'est plus sienne, les oreilles sont en arrière, le poil aplati, les yeux d'or brun, tristes à l'excès...
Dans le livre de dressage il est noté de ne pas rentrer dans le jeu et d'aller jusqu'à ignorer l'animal au moment du départ. Surtout pas d'effusions...
J'ai comme l'impression d'accompagner un enfant le jour de sa première rentrée scolaire.
Mais je ne résiste pas et lui recommande de bien garder la maison, le cas échéant de garder les enfants, je lui glisse des <Je reviens, je reviens tout de suite, attends, sois sage etc.> Et je suis persuadée qu'il comprend tout, absolument tout.
La preuve c'est qu' à mon retour il est parfois absent, s'il ne revenait pas...
Pour ce qui est de la garde, il serait bien capable d'apporter sa balle au voleur en pleine action.
Il est comme un loukoum...link
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Le lendemain je m'envolais en psalmodiant dans mon chemin et Ch* le remontait à belle allure sur sa Yamaha de postière. On a frôlé le choc, ce qui nous a permis de tailler une petite bavette.
Jeune étudiante, elle suivit des cours d'histoire à la fac puis pour se faire quelque argent, travailla à la poste l'été et, petit à petit, l'oiseau fit son nid.
Elle a convenu que factrice lui allait tout à fait et qu'au guichet les collègues étaient bien les plus durs à supporter.
J'aurais dit "Clients", comme quoi...
...un petit cadeau pour Fred-Zibalo...