UNE FEMME TOUS LES 3 JOURS:::

Publié le par Rêves de B::::

Je passais dans  ce couloir gris, impersonnel.Il le fallait bien, mais entre nous j'ai toujours préféré le terrain aux bureaux!
La salle d'attente installée là, était morne, plate. Trois ou quatre fauteuils
rouges, en simili cuir.  Dans un coin une table blanche au plateau stratifié, des revues feuilletées cent fois par des mains affligées. Des visages fermés, des enfants pleurnicheurs, souffreteux ou malmenés.
Je passais par là en recherche d'un travailleur social encore débordé. Les portes des bureaux donnaient sur la détresse humaine.
Une jeune femme sort de sa pièce, Sa tenue jure avec la misère,
cheveux lissés, ,jupe courte,  chemisier quelque peu osé, des pampilles accrochées ça et là sur sa peau de pêche.
Des rubans à la misère pour la supporter.
Elle appelle: "Mme..." - "Mr...."
Je passe dans ce couloir, tant de fois traversé, comme on traverse  le néant.
Petit bureau à droite, rien sur les murs, rien sur la table à part un téléphone et deux ou trois crayons.
Bureau-refuge, pas utilisé, pas humanisé où l'on peut se retrouver, pour chuchoter, se confier, s'éplorer, se conseiller, s'entraider (?), entre nous, parfois avec elles, avec eux.

Machinalement je tournai la tête et là, dans l'entrebaillement, je la vis.
Nos regards se sont croisés, je me suis arrêtée interloquée devant la porte.
Quelques mots pudiques. Elle avait rendez vous avec une de mes collègues partie un moment.
Je ne comprenais plus... Comment, elle, intelligente, diplômée, travailleuse, bûcheuse, elle qui dès le départ avait été la préférée des parents, elle qui réussissait tout -facilement- elle qui a de beaux enfants, une famille, un poste de choix; comment, pourquoi, autant d'adverbes qui me sautaient dessus, 
Dans ce couloir où d'habitude je rencontrais des visages inconnus ou plus ou moins connus, des visages de la rue.

Elle avait un mari jaloux de toutes ses victoires, mari qui  n'avait pas aussi bien réussi, mari auréolé de l' histoire lourde de la répétition,
Lui avait basculé dans une pathologie indestructible pour lui -même et une pathologie tueuse pour elle.
Elle me regardait avec son pauvre visage penaud, humilié. Des larmes de honte et de douleur accrochées à sa joue, glissaient vers les plis d'amertume, un teint  de lune aux yeux éteints.
Elle ne pouvait en dire plus, et détourna son regard.
 Je regardais gênée et stupéfaite cet oeil auréolé de couleurs, cet oeil amoché à demi fermé.

Sous les coups une femme meurt tous les trois jours en France.

Publié dans BONBONS DU JOUR

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D
Manifique, j'aime bien la façon dont le texte et mené!Bravo pour ce blog très coloré!
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R
<br /> Merci Delphine pour ton message, je vais aller faire un tour sur ton blog<br /> bibi<br /> <br /> <br />
B
Contente que tu aies lu mon com, bien reçu le tien [j'ai ton adresse]. On peut traverser "les crises" et être encore joyeuse...Bisous chère Anne.
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M
bonne soirée et merci pour tes com bises
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F
Combat essentiel et vital pour notre société.
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R
<br /> Oui tellement de combats vitaux et essentiels ici bas<br /> bye Fredo<br /> <br /> <br />
F
coucou bibi, et dire que certains hommes se croient supérieurs aux femmes, on m'a envoyé recemment un pps avec des textes anciens enfin des extraits où on parle de la femme d'une façon inimaginable, et on la qualifie plus bas que terre, pas etonnant que certains hommes primaires en soient restés à ce stade de quelques lois moyenageuses et religieuses, et pas etonnant que les femmes ait du mal à faire valoir ce qu'il revient de droit, le respect et l'honneur d'être les mères de l'humanité, car malheureusement c'est peut être tout ce dont la femme est coupable, si ce n'est d'enfanter des chiens qui la denigreront.... Le chemin est long camarade, mais la route est belle. a+, fred
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R
<br /> Fred tu as tout dit...<br /> Amitiés<br /> bises bibi<br /> <br /> <br />